LA COLOMBOPHILIE ET LA GRIPPE AVIAIRE
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Document réalisé par le comité vétérinaire de la fédération colombophile internationale et composé des scientifiques et vétérinaires suivants :
Dr Vétérinaire Jürgen RADDEI (Allemagne)
Ing. Jean-Pierre DUCHATEL (Belgique)
Dr Vétérinaire H.J.M. DE WEERD (Pays-Bas)
Dr Vétérinaire L. VAN DER WAART (Pays-Bas)
Dr Vétérinaire Marc RYON (Portugal)
Dr Vétérinaire Gabor SCHINDLER (Hongrie)
Dr Vétérinaire Christophe ARNOULT (France)
RISQUE DE TRANSMISSION DE LA GRIPPE AVIAIRE PAR LES PIGEONS VOYAGEURS
1 / SENSIBILITE DU PIGEON VOYAGEUR AUX VIRUS DE LA GRIPPE AVIAIRE
Historiquement, les pigeons voyageurs (Columba livia) ont été considérés comme résistants au virus de la grippe aviaire (AI), et toutes les expériences qui ont consisté à inoculer différents virus au pigeon se sont révélées négatives. Jusqu'en 2004, Les expériences réalisées avec les variants hautement pathogènes(HPAI) (H5 et H7) de la grippe aviaire ont montré que le pigeon était complètement résistant. En 1996, Panigrahy et ses collaborateurs ont expérimentalement infecté des pigeons avec des virus hautement pathogènes (H7N7) et faiblement pathogènes (LPAI) (H5N2 et H7N1) de la grippe aviaire par voie intraveineuse, par voie occulo-nasale et par contact avec des animaux infectés. Ces expériences ont montré qu'aucun pigeon n'était tombé malade, qu'aucun pigeon n'avait produit d 'anticorps (séroconversion négative) et seul un prélèvement trachéal réalisé au troisième jour avec le virus H7N1 a montré la présence du virus, considéré par les auteurs comme un résidu de l'inoculation primaire. De la même manière, Perkins et Swayne en 2002, n'ont pas réussi à infecter des pigeons par voie nasale avec un virus HPAI H5N1. Il n'y a eu aucune excrétion virale, ni séroconversion. En 2004, Shell, dans une tentative d'évaluation de la sensibilité du pigeon au virus H7N7 responsable de l'épidémie de grippe aviaire aux Pays-Bas, n'a pas réussi lui non plus à infecter des pigeons (séroconversion, excrétion virale ou lésion négatives).
En 2004, Ellis et ses collaborateurs ont isolé un virus H5N1 d'un pigeon sauvage trouvé mort dans la zone de quarantaine pendant l'épidémie de grippe aviaire de Honk kong de 2002. Cependant, il n'y a aucune évidence que ce pigeon soit mort de la grippe aviaire. Seul un prélèvement cloaqual a été trouvé positif sur ce pigeon (communication personnelle). D'ailleurs 57 prélèvements cloaquaux ont été réalisés sur d'autres pigeons et ont tous été négatifs. Le rôle de H5N1 dans la mort de ce pigeon est donc sujet à caution.
En 2005, David Swayne a réalisé des expériences avec des nouveaux variants du virus H5N1 (résultats encore non publiés) : 1 virus isolé à partir d'un pigeon mort en Thailande en 2004 et 1 virus isolé in Thailande en 2004 sur un corbeau mort
6 pigeons ont été infectés avec de très grandes quantités de chaque virus dans les fosses nasales
Avec le virus isolé à partir du corbeau, la résistance des pigeons est partielle : 1 pigeon meurt, 2 sur 5 produisent des anticorps et 3 sur 5 excrètent du virus. Avec le virus provenant du pigeon, la résistance est totale, bien que deux pigeons produisent des anticorps (séroconversion) et excrètent de très faible quantité de virus.
Bien que ces nouvelles expériences montrent une certaine sensibilité du pigeon aux nouveaux variants, il faut noter que les expériences ont été réalisées avec des quantités de virus extrêmement importantes, injectées directement dans les fosses nasales, des quantités qu'un pigeon voyageur ne devrait certainement jamais rencontrer dans la nature..
La conclusion de tous ces résultats c'est qu'il est hautement improbable qu'un pigeon voyageur puisse être infecté par un virus de la grippe aviaire, et que par conséquent, il puisse être le vecteur de la grippe aviaire dans un nouveau territoire. De plus le pigeon voyageur ne pourrait certainement pas jouer le rôle de réservoir pour les virus de la grippe aviaire.
2/ PARTICULARITES DE L'ACTIVITE COLOMBOPHILE
a- Logement des pigeons voyageurs
Les pigeons voyageurs sont logés dans des colombiers spécialisés pour ce type d'élevage. Il est d'ailleurs interdit de garder d'autres types de pigeon à l'intérieur de ces locaux. Dans ces locaux, il n'existe pas d'autres espèces d'oiseaux, et plus particulièrement des canards ou des poules.
Une à deux fois par jour, les pigeons sont autorisés à sortir du pigeonnier pour une volée d'exercice (durée 1H00 en moyenne). Pendant ce temps là, le colombophile en profite pour nettoyer avec attention le colombier.
Les pigeons voyageurs sont toujours nourris et abreuvés à l'intérieur des colombiers, dans lesquels aucune autre espèce d'oiseaux n'est capable de pénétrer.
b- Transport des pigeons voyageurs
Les pigeons voyageurs sont transportés dans des camions spécialement conçus à cet effet et dans lequel aucune autre espèce d'oiseaux n'est transportée.
c- Les courses
Les courses de pigeons commencent à partir de distance au-delà de 70 km. Pendant la saison de courses les pigeons sont relâchés chaque semaine de sites de lâcher, dûment sélectionnés. Les pigeons, une fois relâchés, retournent directement à leur colombier d'origine à une vitesse de vol comprise entre 80 et 100 km/H. Mis à part les concours de fond (distance supérieure à 600 km), les pigeons rentrent dans la journée à leur colombier et normalement ne se posent pas. Les oiseaux sont nourris et abreuvés dans ces camions avant le départ de la course, ce qui limite l'envie des oiseaux de s'arrêter en cours de course pour se nourrir ou s'abreuver.
Seuls les pigeons en bonne santé sont acceptés dans les courses, un responsable d'enlogement s'assurant de ce point pour chaque pigeon.
CONCLUSIONS
Les pigeons voyageurs ne sont pas des réservoirs pour les virus de la grippe aviaire et il est hautement improbable qu'ils soient infectés par ce type de virus, étant donné leur résistance naturelle et le faible risque épidémiologique d'un contact entre un oiseau migrateur malade et un pigeon voyageur.
Devant ces faits, et en absence de grippe aviaire en France, il semblerait normal que les courses puissent démarrer comme normalement début avril 2006, quelles que soient les mesures de lutte et de prévention concernant les volailles et autres oiseaux. A ce sujet, il est important de noter, que selon cette directive, les pigeons voyageurs ne sont plus considérés comme " VOLAILLE ", mais comme autres oiseaux.
Bien que comme démontré, le risque induit par les vols de pigeons voyageurs soit faible, nous proposons les mesures de sécurités suivantes :
- Jusqu'au premier juin, seules des courses de moins de 350 km seront organisées
- Seuls les pigeons voyageurs qui sont élevés selon les bonnes pratiques colombophiles (logement spécifique, un seul type d'oiseau dans le colombier) seront autorisés à concourir.
References
Panigrahy B, Senne DA, Pedersen JC, Shafer AL, Pearson JE. Susceptibility of pigeons to avian influenza. Avian Dis 1996 Jul-Sep;40(3):600-604
Perkins LE, Swayne DE. Pathogenicity of a Hong Kong-origin H5N1 highly pathogenic avian influenza virus for emus, geese, ducks, and pigeons. Avian Dis 2002 Jan-Mar;46(1):53-63.
Shell W. Experimental infection of pigeons with HPAI H7N7 (The Netherlands 2003 virus). Proceedings of the joint tenth annual meetings of the national Newcastle disease and avian influenza laboratories of countries of the European Union. 30th September to 1st October 2004: 43-51.
Ellis TM, Bousfield RB, Bissett LA, Dyrting KC, Luk GSM, Tsim ST, Sturm-Ramirez K, Webster RG, Guan Y, Malik Peiris JS. Investigation of outbreaks of highly pathogenic H5N1 avian influenza in waterfowl and wild birds in Hong Kong in late 2002. Avian Pathol. 2004 Oct;33(5):492-505.
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